Glad est réalisateur et poète « originaire d’un pays d’Afrique » comme il aime à se présenter. Mais de source sûre je sais que c’est un enfant de la mer.

Originaire de Pointe-Noire (capitale économique du Congo-Brazzaville), il fait désormais partie du fleuron des réalisateurs du Congo comme en témoignent ses différents prix et distinctions.

Je ne connaissais que l’univers du poète « à fleur de maux » comme j’aime à l’appeler amicalement et ce film était l’occasion de découvrir son traitement de la société à l’image.

Entre Le Marteau et l'Enclume - Glad Amog Lemra

Alors de quoi parle ce film? Il nous raconte des destins croisés. Il raconte également l’histoire de Brazzaville aujourd’hui, la capitale d’un pays d’Afrique centrale dans les années 2000 qui essaie de faire face à ses maux sociaux en offrant un visage rayonnant malgré tout.

C’est l’histoire du Grand Patron concupiscent Pascal qui a des vues sur sa secrétaire particulière. Rien de nouveau sous nos soleils pour l’instant.

Pascal est un directeur, « un big boss » d’une société qui mène grand train : voiture de luxe, villa somptueuse qui a ses habitudes dans les grands hôtels de la place. Glad force le trait avec beaucoup d’humour.

Le film s’ouvre sur le rendez-vous « galant » de Pascal justement avec une femme dans son « bloc opératoire », comme il le désigne avec le sourire aux lèvres. Un homme riche qui assouvit ses moindres désirs… ritournelle éculée certes mais très bien amenée.

Pascal est le personnage vers lequel convergera les différents destins des petites gens de cette capitale. En effet il à droit de vie, de cuissage, d’humiliation mais aussi de mort sur tous, à la force du billet de FCFA.

On peut ainsi suivre le parcours de Thomas le débonnaire amoureux, vendeur de poulet frits dans les marchés nocturnes de Brazzaville, qui deviendra homme à tout faire de Pascal.

Mais on peut aussi suivre le chemin de l’employé modèle licencié par Pascal pour pouvoir assouvir son instinct prédateur sur la femme de celui-ci qui n’est autre que sa secrétaire particulière.

On peut encore suivre celui de Trésor, éventuel futur beau-père de Pascal. Trésor, ce personnage drôle et volubile, qui ne manque jamais de condamner son sort et son pays à chaque coupure d’électricité, est chômeur et passe sa vie à emprunter de l’argent pour payer une bière ou se trouver une épaule chaude pendant que sa femme passe le clair de son temps dans une de ces églises de réveil qui poussent dans tous les coins de rues.

Le tableau dressé par Glad est complet, plein d’humour et avec des plans qui nous font voyager à Brazzaville… cette ville qui respire à pleins poumons… cette ville qui doit faire avec les émanations les plus nuisibles de la société, les nuages de contradictions, sans perdre son oxygène d’espoir.

Glad Amog Lemra filme donc l’insolence et l’impunité de ceux qui travaillent au centre-ville, occupants des “grands” postes, contre la vivacité, l’inventivité des quartiers pauvres mais aussi l’indolence de certains brazzavillois qui se complaisent dans le système même qu’ils dénoncent. Le film échappe ainsi à un traitement stéréotypé.

Je salue le casting car les acteurs campent leur rôle avec justesse.

Un personnage nous marque particulièrement par sa présence et son jeu comique. C’est Clauvice Ngoubili qui joue le rôle de Trésor le fainéant.

Il y aurait aussi beaucoup à dire sur celui qui joue le rôle du pasteur peu scrupuleux aux allures de dandy.

Un scénario qui tient la route et des histoires qui s’emboîtent de manière crédible dans ce film choral.

Où retrouve t-on le poète?

On retrouve la poésie de Glad dans sa manière de filmer certaines scènes.

La scène d’amour notamment du mari ivre sur la canapé, filmée sans vulgarité, la défloraison de cette jeune fille illustrée par un homme qui mange goulument, les yeux exorbités, cette papaye écarlate ou encore le débarquement qui ouvre le film contre l’embarcation qui le clos.

Une mention spéciale va à la toute première scène du film : des enfants qui regardent devant eux… scène que le téléspectateur ne comprend pas d’emblée. Cette même scène clôture le film sauf qu’entre temps nous avons compris que ces jeunes regardent ce triste spectacle dans un de ces cinémas de fortunes … Ces jeunes regardent, impuissants… des spectateurs, justement… un clin d’œil à la jeunesse.

Drôle et tragique. A voir!!!

 

originally in French and translated from French to English by 3E Web Media

Glad is a director and poet “from a country in Africa” as he likes to put it. Yet I know for a fact that he is a child of the sea, a native of Pointe-Noire, the economic capital of the Congo – Brazzaville. He is now part of the flagship of directors from the Congo as evidenced by his various awards and honors.

I knew the universe of the “evil-sensitive” poet,  as I like to call him amicably, and this film was an opportunity for me to discover his handling of the society to the pictures.

Entre Le Marteau et l'Enclume (Between a Rock and a Hard Place) - Glad Amog Lemra

So what is this movie? It tells us of destinies. It also tells the story of Brazzaville today. The capital of a central African country in the 2000s attempts to deal with its social issues while still offering a beaming face.

This is the story of the Big Boss and concupiscent Pascal who has views on his private secretary. Nothing new under our suns thus far.

Pascal is a director, the big boss of a company that leads his life in great style (luxury car, lavish villa…) and who has his habits in the big hotels of the place. Glad forces the trait with humor.

The film opens up on the “gallant” dates of Pascal precisely with a woman, in his “operating theater” as he refers to it with a smile. A rich man who satisfies his every wish … worn refrain yet undoubtedly well presented and equally well used.

Pascal is the character towards which converge the different fates of some ordinary people of the capital. Indeed he has the right over lives, droit du seigneur, right to humiliate but also to kill, all on the strength of the CFA bill.

One can follow the course of Thomas the debonair in love, a seller of fried chicken in the night markets of Brazzaville who becomes Pascal’s handyman.

There is also the model employee dismissed by Pascal in order to satisfy his predatory instinct on the employee’s wife who is none other than Pascal’s personal secretary.

Or track Trésor who is Pascal’s eventual father-in-law. Funny and talkative Trésor, who never fails to condemn his fate and his country for every power cut, is unemployed and spends his life borrowing money to buy himself a beer or find a warm shoulder while his wife spends most of her time in one of these revivalist churches that grow on all street corners.

The picture painted by Glad is complete, humorous with plans that make us travel to Brazzaville, this city that breathes deeply, that has to deal with the most harmful fumes of society, the smokes of its contradictions without losing its oxygen of hope.

Glad Amog Lemra so films the insolence and impunity of those who work downtown, occupants of “high” positions against the liveliness, the inventiveness in poor neighborhoods but also the indolence of some Brazzaville people who delight in the very system they denounce. The film escapes thereby a stereotypical treatment.

I salute the cast because the actors play their role in a pertinent fashion.

A character marks us with his presence and his comic timing. That is Clauvice Ngoubili, who plays the role of the lazy Trésor. There is also much to say about the actor who plays the role of the unscrupulous dandy-like pastor.

This is a scenario that takes a road and tell stories that fit credibly in this ensemble film.

Where then do we find the poet?

Glad’s poetry is found in the way some scenes are filmed.

The love scene including the drunk husband on the sofa is filmed without vulgarity, the deflowering of this young girl illustrated by a man who eats greedily, eyes bulging over this scarlet papaya or the landing that opens the film against the boat which closes it.

A special mention is to be made to the very first scene of the film: children looking ahead. This is a scene that the viewer does not immediately understand. This same scene then closes the film, except that in the meantime we’ve realised that these young people are watching this sad spectacle in one of those fortune cinemas … These kids watch helplessly … just as spectators.. A nod to the youth.

Funny and tragic. To be had!!!